Conversation post-spectacle #1 : Cath

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Cath a fait sa première fois sur scène ! Juste après le spectacle, nous avons investi le canapé des coulisses de l’Improvidence pour en discuter et revenir sur cette nouvelle expérience improvisée, son parcours, son ressenti et ses attentes pour la suite. Vous pouvez écouter notre conversation en version audio, ou en lire la retranscription ci-dessous.

Citation saisie juste avant le spectacle :

« Pour l’instant je ne me sens pas stressée, mais je me sens toute inhibée donc ça doit quand même être le stress »

On va commencer par dire un peu qui tu es : tu t’appelles comment ? D’où tu viens ?

Je m’appelle Cath, et je suis bordelaise, née à Bordeaux. Bordeaux, en France donc.

Comment tu en es venue à t’intéresser à l’impro ? C’est quoi ton histoire avec Atlas ?

Au début, si tu veux, avec l’impro, ça commence par le chant. Enfin ça remonte encore bien avant, mais là ce serait beaucoup trop long. Alors voilà, je faisais du chant, j’ai rencontré quelqu’un au chant et l’année suivante, elle m’a dit qu’elle aimerait bien faire de l’impro. Moi c’est simple, j’en avais jamais entendu parler, je savais même pas ce que c’était, puis je la sentais un peu hésitante, elle était ... elle avait besoin de quelqu’un pour l’aider à franchir le pas. Donc je lui ai dit « Tu veux que je t’accompagne ? », et elle a dit oui. Je l’ai accompagnée à Pessac pour une séance d’initiation comme fait Atlas et ... j’ai adoré. J’ai adoré, je me suis inscrite et j’ai fait toute l’année. L’année d’après, notre prof est parti en Bretagne, elle nous a confié.e.s à quelqu’un d’autre et ça n’a absolument pas marché, au bout de trois mois on est tous partis ... voilà. Et après j’ai désespérément essayé des endroits, je restais un mois parce que ça ne me convenait pas du tout, et ... y a un an, mon frère se promenait sur les quais, et il y avait Atlas avec des flyers, il a pensé à moi donc il a pris un flyer et il me l’a donné. J’ai appelé, je me suis inscrite, je suis venue aux séances d’initiation et ... je suis restée.

Et alors, comment on passe de « Ah, si je faisais un cours d’impro avec Atlas » à « Oh, je monte sur scène » ? Qu’est-ce qu’il y a eu entre les deux ?

Euh ... le plaisir. Le plaisir, et c’est quelque chose qui devient présent maintenant. Au début ... au début, je m’amusais. Voilà, je suis incapable de faire quelque chose si je ne m’amuse pas. Et plus je vieillis .. parce que j’ai oublié de le dire, mais je ne suis pas une petite jeunette, je vais avoir soixante-et-un ans. Et plus je vieillis, plus la notion de plaisir est importante. Si c’est pas ludique, je m’emmerde, voilà. Donc au début c’est stressant, parce qu’on a pas ... enfin c’est de l’impro, mais effectivement l’impro ça se travaille. Au début, je savais pas, j’avais pas d’idées, « Mais comment je vais faire ci, ou faire ça ? ». Y avait un côté plus stressant que plaisir. Et pourtant, je riais beaucoup. J’avais beaucoup de plaisir à regarder les autres jouer. Pour ma part, j’apprends autant en regardant qu’en faisant, et ça c’est très très important. Maintenant, je m’aperçois que j’ai autant de plaisir à regarder jouer qu’à jouer. Et ... et voilà, de fil en aiguille ... Se sentir en sécurité, se sentir bien aussi. Il avait été question, en fin d’année, que je fasse partie d’un spectacle, je me sentais prête mais les agendas ont fait que ça n’a pas été possible. Donc là, quand Boum me l’a proposé à la rentrée, j’ai dit oui, même si bon la rentrée c’est un peu stressant parce qu’on n’a rien fait depuis le mois de juin. J’ai dit « Allez, banco », parce qu’en premier, ce que je retiens, c’est le plaisir : je vais m’amuser, je viens pour m’amuser.

Débrief sur ce spectacle en particulier : qu’est-ce que tu en as pensé ? Comment tu l’as vécu ?

Alors ... il y a un décalage, enfin je crois, entre la perception qu’on peut avoir, nous, et le public. Et ça, ce sont deux mondes complètement différents j’ai l’impression. Moi, ce qui me fait plaisir, c’est que les gens se soient amusés, voilà, en premier c’est ça, que les gens aient aimé le spectacle, et peu importe les gens. En même temps, tu vois, je te parlais de sécurité tout à l’heure, et moi j’ai eu la chance ce soir et je leur ai dit, d’être avec Alban, Boum et Maya. Pfiou ... c’est des filets énormes pour un trapéziste, tu vois, et je savais que si je me cassais la gueule, bah j’arriverais pas en bas, il y aurait toujours quelqu’un pour me rattraper parce qu’ils ont l’habitude, ils sont à l’aise, ils sont ... ils sont géniaux, quoi. Ça, ça me rassurait. Après le début ... au début, c’était un peu stressant parce qu’il faut se mettre dans le ... voilà, comme une machine qu’il faut lancer. Au niveau de l’énergie. Ensuite, quand c’est lancé, c’est plus facile, et c’est presque quelque chose comme une machine qui s’emballe. Tu vois, ça met un peu de temps puis ça part, et ça part, et ça part, et là quand on est revenu.e.s, je leur disais « Mais on pourrait presque continuer ». Au niveau de l’énergie, l’énergie elle est là. Même si on est KO, quoi. Pfiou, alors ça en revanche, je le sens. KO. Mais bien. Un KO positif. Après, ce qui est déroutant, c’est de pas voir les gens. Y a la lumière qui gêne, tu les vois pas, en tout cas tu distingues pas les traits. T’entends les rires. Ça j’adooore. J’adore. Pouvoir entendre la réaction des gens, ça j’aime bien, c’est quelque chose qui est porteur. En tout cas, ça me porte.



Tu as pu avoir quelques échos des gens, déjà ?

Mais ouiiiiiii ! Les gens ont adoré ! Alors, je sais aussi que tout le monde est bienveillant, ici. Les gens que je connais, forcément ils sont content parce qu’ils savent que c’est la première fois, etc etc. Je mets pas leur sincérité en doute, mais je me dis qu’ils sont vraiment bienveillants, tu vois, et en même temps ... ça pourrait tellement être mieux.



Eh bien il faut remonter sur scène !

Mais oui, oui oui ! Ça, je ne l’exclue pas, c’est certain.



Tu signes pour remonter sur scène, la prochaine fois qu’on te propose ?

Oui, oui oui, oui oui. Et je pense qu’il faut en faire beaucoup, beaucoup, beaucoup beaucoup beaucoup pour arriver à une certaine aisance, comme les trois profs rires. Je vais juste continuer à faire de l’impro, à m’amuser et à me faire plaisir.



Et c’est le plus important, d’après ce que tu me dis.

Ouais, c’est clair. Si je m’amusais pas, il y a longtemps que je ne viendrais plus.